dimanche 26 avril 2009

*************HENRI MICHAUX************

(La nuit de Van Gogh)

Table des matières

1- Introduction
2- Contexte historique
3- Présentation rédigée de l'auteur ou Biographie
4- Présentation du mouvement artistique
5- Présentation de la poésie de l'auteur
6- Oeuvres principales
7- Analyse de poèmes significatifs: Icebergs, Dans la nuit, Mes occupations
8- Choix des illustrations en rapport avec les textes choisis: Une vie de chien, Le grand combat, La jeune fille de Budapest
9- Citations de Michaux
10- Conclusion: place du poète dans l'histoire de la poésie
11- Glossaire
12- Références bibliographiques ou Sources

Introduction

Dans ce blog, nous allons vous présenter Henri Michaux,un poète mais qui pratique également la peinture et les arts graphiques.Henri Michaux a vécu au XXième siècle et est né en même temps que le surréalisme. Il nous apporte une vision nouvelle et contemporaine de la poésie. Cependant, Michaux n'a jamais voulu appartenir au surréalisme. En plus d'être surréaliste (mais ça se complète), il invente des mots, met beaucoup d'images dans sa poésie.Nous vous présenterons d'abord l'auteur, puis son oeuvre et enfin, nous réaliserons une petite conclusion.

Bonne visite!

Le contexte historique

Henri Michaux a vécu pendant le 20 ème siècle. Voici les évènements historiques dont il a été contemporain:

- 1914-1918: Première guerre mondiale.
- 1915: Génocide arménien.
- 1925: Naissance du mouvement surréaliste.
- 1929: Crise économique mondiale.
- 1937: Invention de la télévision.
- 1940-1945: Deuxième guerre mondiale.
- 1945: Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki.
- 1961: Premier homme dans l'espace.
- 1969: Premier homme sur la lune.
- 1973: Premier choc pétrolier.
- 1979: Deuxième choc pétrolier.

Biographie


Henri Eugène Marie Ghislain Michaux est né le 24 mai 1899 à Namur dans une famille bourgeoise ardennaise. Il passera donc son enfance en Belgique, mais, plus tard, quand il rencontrera Paris, il se fera nationaliser français.Tout petit déjà il était accablé d'une malformation au coeur ( tachycardie nerveuse). Il connaîtra une adolescence difficile; angoissé, solitaire, secret, ... En effet, il passait des heures dans son jardin à observer la nature, c'était une manière pour lui de tourner le dos aux adultes et de construire son propre monde. Durant cette période, il s'est mis à lire Tolstoï* et Dostoïevski*. De plus il était très croyant durant cette période là, il s'intéressait énormément aux grands textes mystiques et pense même à entrer dans les ordres. Finallement Henri Michaux entreprendra premièrement des études de médecine (en 1918), qu'il abandonnera vite pour une carrière de matelot de 1920 à 1921. Il avait alors 22 ans. C'est à ce moment qu'il découvrit Lautréamont*, ce qui le poussa à commencer à écrire. En 1922, il devient enseignant dans un Collège à Dinant où l'ennui l'envahit rapidement et pour lequel il ne trouve aucun intérêt.Vers 1923, Michaux se rendit à Paris, et fut subjugué par la beauté de cette ville, ce qui le poussa à ignorer la Belgique et à faire de la France son pays. A cette époque, il fit la connaissance de Supervielle* et eu beaucoup d'amis. Il débuta également tout ce qui est peintures, dessins, lithographie*, essais, poèmes en prose, etc vers 1925. Une passion pour les voyages lui à pris en 1929, et à partir de ce moment là, il voyagea beaucoup jusqu'en 1939 (principalement en Amérique du Sud). A la suite de tous ces voyages, il écrivit des carnets de voyages (réels ou fictifs) et des récits de ses diverses expériences avec les drogues (principalement la mescaline).En 1930, son père décède et peu de temps après sa mère se suicide, Michaux en sera terriblement attristé. Toutefois cela ne l'empêche pas d'écrire " Plume". Michaux s'est toujours tenu à l'écart des journalistes et des projecteurs et a toujours refusé d'appartenir à un parti politique ou à un mouvement (bien qu'il se rapprochait beaucoup du surréalisme). En juin 1937, il se met à peindre et ses gouaches sont exposées à Paris, à la galerie de la Pléiade.
En 1938, il devient rédacteur en chef de la revue " Hermès". En 1940, il fait un séjour de six mois au Brésil. Dès son retour, la seconde guerre mondiale éclate, il doit se cacher pour ne pas être retrouvé par la gestapo qui suspècte les poètes de promouvoir la liberté du corps et de l'esprit. Michaux passe cette période de sa vie en compagnie de Marie Louise Termet, sa futur femme.
Ils se marieront à Paris en novembre 1943. En 1945, Marie Louise contracte une tuberculose mais s'en remettra. Peu de temps après, en 1948, elle décède d'une embolie. L'année même , Michaux rédige un de ses plus beaux poèmes "nous deux encore". La mort de sa femme le plonge dans un long silence mais il parvient tout de même à extérioriser sa douleur par la peinture. Depuis 1946, le public commence à découvrir Michaux sous sa facette de poète.
En 1955, il obtient enfin la nationalité française.
Il mourra à Paris le 19 octobre 1984.

Le mouvement artistique


Henri Michaux refusait catégoriquement de faire partie de quelques groupes que ce soit. Cependant, nous pouvons classer l'ensemble de son œuvre dans le courant surréaliste.Le surréalisme se décline non seulement dans la peinture (René Magritte*), mais aussi dans la littérature (Paul Eluard*), le cinéma, la musique, la philosophie, ... Michaux a donc exploité toutes ses facettes.Le surréalisme est un mouvement artistique du XXième siècle (1920-1960) dirigé par André Breton* qui met en pratique le travail de Sigmund Freud* et la pensée de Arthur Rimbaud* et de Karl Marx* dans l'art en général. Son idée phare est d'arriver à exprimer l'inconscient et l'imagination en pratiquant diverses méthodes telles que la prise de drogues, l'écriture automatique, ...Ce mouvement est la continuation du mouvement dada, du supernaturalisme (Gérard de Nerval*), du surnaturalisme (Charles Baudelaire*), du symbolisme (Gustav Klimt*), du romantisme allemand (Franz Schubert*) et du cubisme (Pablo Picasso*).Le surréalisme à beaucoup de succès en Belgique avec cependant certaines réticences par rapport à l'écriture automatique et à l'engagement politique.Une des méthodes clef pour faire du surréalisme était d'utiliser l'écriture automatique. Elle a pour but de libérer l'inconscient par des idées qui viennent «en vrac» et qui formeront des symboles. Les idées qui nous viennent «en vrac» sont reliées entre elles par des liens inconscients (ou semi-conscients), ce qui entraine des comparaisons entre ces différentes idées, et donc un lien avec l'ésotérisme*.Les surréalistes étaient contre. Contre les bourgeois, contre la nation, contre le régime totalitaire en Union Soviétique, contre les colonies, contre le nazisme, ... C'est comme ça que pas mal d'entre eux se mirent à faire de la politique (ils étaient proches des communistes*, mais apparemment pas assez, vu qu'il y eu pas mal de tensions entre eux). Malgré toutes ces revendications, le surréalisme est très cohérent et très exigent.Ce mouvement déclinera en 1969, trois ans après le décès d' André Breton (en 1966).

La poésie de l'auteur

Michaux le disait si bien: « j'écris pour me parcourir, Peindre, composer, écrire: me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie ». Cette phrase présente bien Henri Michaux comme l'explorateur « de l'espace du dedans » qu'il était durant toute sa vie: Il cherchait constamment à découvrir le monde caché et encore inexploré de « l'intérieur de l'être ».
Ses écrits, à l'image de sa vie, sont donc une interminable exploration du réel et de l'imaginaire, du dedans et de l'ailleurs, de l'inconnu et de l'infini...
Il n'acceptait pas la réalité extérieur devenue étouffante pour lui. C'est pourquoi il se déplaçait soit dans l'espace géographique soit se réfugiait dans l'imaginaire et le rêve pour mieux se « l'approprier métaphoriquement ». Le déplacement et l'imaginaire constituaient pour lui une manière de fuir un espace devenu trop oppressant et aussi une manière de se libérer des contraintes.
De là nous pouvons dire que ses pérégrinations traduisaient en fait, sa difficulté d'« être » ( son mal être).
Les thèmes principaux de Michaux sont la quête spirituelle, l'acceptation des fantasmes, l'exploration de l'univers intérieur et de la drogue, le rêve...

*L'espace du dedans

Comme il a déjà été dit précédemment, Michaux se désintéresse du monde extérieur. Sa principale faculté est donc l'imagination. Cependant Michax n'écrit jamais une intrigue ou une action mais il invente des êtres et des manières d'êtres, il répertorie les façons de vivre, d'aimer, de souffrir, ... "Son univers est causé par un climat de trouble et d'angoisse causé par son imagination". Une bonne partie de son imagination exprime sa peur "d'être envahi par les puissances environnantes du monde hostile". Outre sa position "destructrice", l'imagination est un instrument de défense et une force qui va lui permettre de se restructurer.
Dans cette perspective, poésie et peinture deviennent autant " des exorcismes" que des moyens d'expression.

*L'absolu

"Son entreprise est la recherche de ce qui ne peut pas être atteint, de ce qui se dérobe sans arrêt."
Grâce aux nombreux voyages qu'il effectue en Asie, il fait la découverte des pensées orientales et apprend une nouvelle technique qui est la méditation. Mais c'est finalement dans la peinture et l'écriture qu'il trouve sa place.
Michaux dit que l'homme a perdu son esprit d'enfance et qu'il se doit de le retrouver car c'est "l'âge d'or des questions et que c'est de réponses que l'homme meurt".

*Le rapport aux drogues et à l'infini

Henri Michaux continue inlassablement son exploration en utilisant ,dès 1956, l'usage d'hallucinogènes. Ses expériences durent environ une quinzaine d'années.
Il a recours aux drogues comme moyen de s'évader, de se retirer du monde.
Il y a pour lui deux infinis, le bien absolu et le mal absolu. Il y a encore un autre infini, c'est l'extase, ce qui lui donne enfin accès à la "démesure qui est la vrai mesure de l'homme, de l'homme insoupçonné". Il décrit leurs effets dans plusieurs de ses écrits: "Connaissance par les gouffres" ; "Misérable miracle",...
A chaque fois Michaux tente de comprendre l'être humain, il cherche à déchiffrer les secrets et les richesses que ses apparences dissimulent. Il ne se contente pas de la partie extérieure de l'être, il s'introduit au plus profond de lui.

*L'humour, poésie, sagesses

"L'originalité de l'art de Michaux tient à la fusion de deux élèments qui sont l'humour et l'émotion tant dans ses ouvrages littéraires que dans ses peintures".

L'émotion est présente dans toute son oeuvre mais n'est jamais prise au sérieux. L'humour chez lui est un moyen de prendre du recul et de se protéger. Le but n'est donc pas de rire mais la neutralisation de l'émotion.

"La veillesse de Michaux est venue parfaire et compléter son oeuvre: la sagesse et la contemplation." Cette sagesse , c'est aussi un mouvement d'ouverture au monde, "un saut vers l'inconnu".





Ses oeuvres principales


Cas de folie circulaire, 1922
Les rêves et les jambes, 1923
Qui je fus, 1927
Mes Propriétés, 1929
Ecuador, 1929
Un barbare en Asie, 1933
La nuit remue, 1935
Voyage en Grande Garabagne, 1936
Plume, 1938
Meidosems, le point du jour, 1948
Ailleurs, 1948
Passages, 1950
L'infini turbulent, 1957
Connaissance par les gouffres, 1961
Poteaux d'angle, 1971
Misérable miracle (la mescaline), 1972


Son oeuvre est surprenante quant à sa diversité. En effet, tous ses écrits sont à classer dans des genres différents. Michaux écrit de tout: des poèmes, des essais, des carnets de voyage, des pièces de théâtre, des romans, des retranscriptions de ses rêves, ainsi que les récits de ses expériences avec les drogues et des recueils d'aphorismes et de réflexions.Quelques unes de ses correspondances ont également été publiées ainsi que diverses lettres entretenues avec d'autres artistes tels que José Luis Borges, Georges Batailles,...

Son premier livre " qui je fus" passe inaperçu. Mais petit à petit, il se fait une place dans le monde littéraire; il n'aura droit à la notoriété qu'à partir des années 50, après la deuxième guerre mondiale.
(Illustration: peinture d'Henri Michaux)

Mes occupations

Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre.
D'autres préfèrent le monologue intérieur.
Moi non. J'aime mieux battre.
Il y a des gens qui s'assoient en face de moi au
restaurant et ne disent rien, ils restent un
certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au portemanteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le redécroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire (je commence à
m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le
serre, je le résume et l'introduis dans mon
verre, et jette ostensiblement le contenu par
terre, et dis au garçon: «Mettez-moi donc un
verre plus propre.»
Mais je me sens mal, je règle promptement
l'addition et je m'en vais.


(Issus du recueil "Plume")

ANALYSE:
Ce poème (ainsi que tous les autres de Michaux) n'a pas de forme fixe, ses vers et ses rimes sont totalement libres, il se libère de toutes contraintes.
En revanche, le poème comporte pas mal de champs lexicaux tels:
- la vaisselle: salis, inonde, propre, rince, verre, tasse, ...
- la bagarre: battre, agrippe, ragrippe, prends, décroche, étouffe, énerver, serre, jette, mal, ...
- le restaurant: intérieur, restaurant, manger, temps, portemanteau, table, tasse, verre, garçon, addition, ...
La première personne du singulier est très présente (bien que le "il" impersonnel arrive une fois dans le poème)
On peut aussi observer des assonnances et des allitérations:
- "a", "en", "è"
- "r"
Henri Michaux aime s'exprimer, n'aime pas la passivité, l'indifférence.
Il se défoule ensuite sur quelqu'un, puis est pris de regrets et de remords.

Dans la nuit


Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit.
Mienne, belle, mienne.
Nuit
Nuit de naissance
Qui m’emplit de mon cri
De mes épis.
Toi qui m’envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fumes, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, nuit implacable.
Et sa fanfare, et sa plage
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui
Sous lui, sous plus ténu qu’un fil
Sous la nuit
La Nuit.

(Issu du recueil "Plume")

ANALYSE:
- Il n'y a pas de structure au niveau des rimes ( croisées,simples...; féminines ou masculines), ni au niveau des syllabes.
- Il s'agit donc de vers libres.
- La ponctuation y est peu présente.
- Les figures de styles principales sont l'assonance, la métaphore et la personnification:
*l'assonance de la lettre "i", le son "è", de la lettre "a" et du son "oi" dans l'avant dernière strophe.
*la métaphore: la nuit = Mer, car dans le poème la nuit "houle", possède une "plage".
*la personnification: la nuit "gît" et "mugis".
- Les champs lexicaux frappants:
* La Nuit
* La Mer: houle; plage; boit.
* La Naissance: cri; naissance.
* La Lourdeur/ le Sombre: nuit; fumes, dense, poids, ploie.
* Les Sons: cri; fanfare.

Interprétation:
La répétition du mot "nuit" donne une impression de chanson. On peut ressentir la musique de ce poème.
Le mot nuit semble désigner la mer car les adjectifs rapportés au mot sont : houle (agitation de la mer); mugis ( la mer mugit => produire un bruit formidable); plage; ... Ces termes se rapportent à un champ lexical qui est donc celui de la mer.
Dans les six premiers vers , nous pouvons penser qu'il désigne métaphoriquement son "intérieur". Il explore son"être".
" La nuit, ce moment d’entre-deux de la conscience où les frontières s’effrangent, où l’insomniaque inquiet ne sait plus où s’arrête le réel et où commence le cauchemar (ce qui rend cette nuit si remuante)."

Icebergs


Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux cormorans
Abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s'accouder
Aux nuits enchanteresses de l'hyperboréal.
Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l'hiver éternel,
Enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre.
Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid.
Icebergs,Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés
Sur des mers incontemplées. Phares scintillants de la Mort sans issue, le
Cri éperdu du silence dure des siècles.
Icebergs, Icebergs, Solitaire sans besoin, des pays bouchés, distants,
Et libres de vermines. Parents des îles, parents des sources, comme je
Vous vois, comme vous m'êtes familiers...

(Issu du recueil "la nuit remue")
ANALYSE:
- Ce poème est écrit en prose et constitué de quatre strophes.
- La structure du deuxième, troisième et quatrième paragraphe se ressemble fort. Chacun comprend deux phrases; la première verbale et la seconde non verbale.
- Beaucoup de comparaisons et de métaphores sont présentes, ainsi que des allégories et des personnifications.
Ce poème compare les icebergs aux religions et cultes terrestres mais Michaux les imagine aussi solitaires et reculés.

La jeune fille de Budapest


Dans la brume tiède d'une haleine de jeune fille, j'ai pris place.
Je me suis retiré, je n'ai pas quitté ma place.
Ses bras ne pèsent rien.
On les rencontre comme l'eau.
Ce qui est fané disparaît devant elle.
Il ne reste que ses yeux.
Longues belles herbes, longues belles fleurs croissaient dans notre champ.
Obstacle si léger sur ma poitrine, comme tu t'appuies maintenant.
Tu t'appuies tellement, maintenant que tu n'es plus.



(Issu du recueil "Plume")
(Illustration du peintre André Patte, "jeune fille rousse")


Nous avons choisi cette image du peintre André Patte car elle représente une jeune fille qui illustre bien ce poème. En effet, dans celui-ci, Michaux nous dit que tout ce qui est fâné disparait devant elle, et nous pouvons voir que la jeune fille et le fond de la peinture sont colorées, elle fait donc disparaître ce qui est fané et rend tout joyeux et coloré.
De plus, nous trouvons que la jeune fille du tableau représente la légèreté, tout comme la jeune fille de Budapest.

Le grand combat


Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret.
Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres le Grand Secret.
« Papa, fais tousser la baleine », dit l'enfant confiant.
Le tibétain, sans répondre, sortit sa trompe à appeler l'orage
et nous fûmes copieusement mouillés sous de grands éclairs.
Si la feuille chantait, elle tromperait l'oiseau




(Issu du recueil "qui je fus")
(Illustration du peintre Casanove, Francesco-Giuseppe, "Bataille")


Nous avons choisi cette peinture de Casanove pour illustrer ce poème car cela représente assez bien la scène de combat décrite par Michaux . En effet, l'atmosphère ( le sang, la douleur, les cris,..) décrite dans le poème est marquante dans la peinture. De plus le titre du tableau s'intitule " Bataille".

Une vie de chien


Je me couche toujours très tôt et fourbu, et cependant on ne relève aucun travail fatiguant dans ma journée. Possible qu’on ne relève rien mais moi, ce qui m’étonne, c’est que je puisse tenir bon jusqu’au soir, et que je ne sois pas obligé d’aller me coucher dès les quatre heures de l’après-midi. Ce qui me fatigue ainsi, ce sont mes interventions continuelles. J’ai déjà dit que dans la rue je me battais avec tout le monde ; je gifle l’un, je prends les seins aux femmes, et me servant de mon pied comme d’un tentacule, je mets la panique dans les voitures du Métropolitain. Quant aux livres, ils me harassent par-dessus tout. Je ne laisse pas un mot dans son sens ni même dans sa forme. Je l’attrape et, après quelques efforts, je le déracine et le détourne définitivement du troupeau de l’auteur. Dans un chapitre vous avez tout de suite des milliers de phrases et il faut que je les sabote toutes. Cela m’est nécessaire. Parfois, certains mots restent comme des tours. Je dois m’y prendre à plusieurs reprises et, déjà bien avant dans mes dévastations, tout à coup au détour d’une idée, je revois cette tour. Je ne l’avais donc pas assez abattue, je dois revenir en arrière et lui trouver son poison, et je passe ainsi un temps interminable. Et le livre lu en entier, je me lamente, car je n’ai rien compris... naturellement. N’ai pu me grossir de rien. Je reste maigre et sec. Je pensais, n’est-ce pas, que quand j’aurais tout détruit, j’aurais de l’équilibre. Possible. Mais cela tarde, cela tarde bien.



(Issu du recueil " qui je fus")
(Illustration du peintre Jean Bazaine, "hommage à Turner")


Nous avons choisi ce tableau de Jean Bazaine, car pour nous, cela représente l'ennui, la tristesse, la destruction, tout comme ce que fait passer Michaux dans ce poème. Malgré qu'il ne pratique aucun travail fatiguant, il est fatigué.
“C’est ce vide, cette déchirure dans le tissu trop serré du monde que nous cherchons à faire apparaître… sur la marge tremblante de la vérité”

Citations de Michaux

  • "Avec tes défauts pas de hâte, ne vas pas à la légère les corriger? Qu'irais-tu mettre à la place?"
  • " On n'en finit pas d'être un homme."
  • "La jeunesse c'est quand on ne sait pas ce qui va arriver."
  • "Je cherche un être à envahir."
  • "On n'est peut-être pas fait pour un seul moi."
  • "Les drogues nous ennuient avec leur paradis. Qu'elles nous donnent plutôt un peu de savoir."
  • "Qui laisse une trace, laisse une plaie."
  • "La parole est déjà du luxe, de l'excès, de la superstructure."
  • "Qui a l'âme élevée sans être fort, sera hypocrite ou abject."
  • "Toute science crée une nouvelle ignorance."
  • "Qui a rejeté son démon nous importune avec ses anges."
  • "La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer."
  • "Qui s'est abaissé devant la fourmi, n'a plus à s'abaisser devant le lion."
  • "Le voyage n'est pas une femme. Il ne veut pas de la comtemplation."
  • "Gardons-nous de suivre la pensée d'un auteur... D'ailleurs, qu'en sait-il de sa pensée?"
  • "Si un contemplatif se jette à l'eau, il n'essaiera pas de nager, il essaiera d'abord de comprendre l'eau. Et il se noiera."
  • ... ( et encore bien d'autres!)

Conclusion

A travers la création de ce blog, nous avons appris à connaitre Michaux, et nous pouvons donc dire que sa présence est très importante dans la poésie du 20éme siècle, et même si il n'a pas fait partie du mouvement surréaliste, son oeuvre y est rattachée. Tout au long de sa vie, Michaux à travaillé sur la langue pour inventer de nouveaux mots et pour mieux rendre compte des sentiments ; il s'est également posé énormément de questions sur le sens de la vie sur terre. Ce poète voyant demeure donc avant tout un auteur extrêmement original. L'acceptation des fantasmes, à la lumière de la psychanalyse de Freud et du mouvement surréaliste. Et puis,bien sûr, l'exploration de l'univers intérieur et celui de la drogue, chanvre ou mescaline. Autant de thèmes qu'il a inlassablement creusés et recreusés durant soixante années d'écriture.
Les textes réunis dans le premier volume de ses Oeuvres complètes(1922-1946) frappent "par leur caractère inclassable et très varié". Ce mélange de récits, de poèmes, de notes, d'aphorismes, de dessins, de miettes et de marges est aussi "déroutant que séduisant".
( Pour les curieux avides de découvertes, c'est un excellent début si vous vous intéressez à Michaux. Ce poète , c'est Michaux ou " le mariage d'un oeil et d'un style").

Glossaire


Définitions extraites du Petit Robert.

René Magritte: Peintre Belge surréaliste né à Lessines en 1898 et mort à Bruxelles en 1967.
Paul Eluard: Poète français né à Saint-Denis en 1895 et mort à Charenton-le-Pont en 1952. Il passa du surréalisme à l'engagement dans la résistance puis au Parti communiste, restant toujours fidèle à l'exaltation de l'amour et des sensations immédiates.
André Breton: Ecrivain français, principal fondateur du surréalisme né en 1896 et mort à Paris en 1966.
Sigmund Freud: Médecin autrichien fondateur de la psychanalyse, né en 1856 et mort à Londres en 1939.
Arthur Rimbaud: Poète français né a Charleville en 1854 et mort à Marseille en 1891. Génie précoce, son oeuvre à profondément influencé la poésie moderne.
Karl Marx: Philosophe, économiste et homme politique allemand né à Trèves en 1818 et mort à Londres en 1883.
Gérard de Nerval: Ecrivain français né à Paris en 1808 et mort en 1855.
Charles Baudelaire: Poète français né à Paris en 1821 et mort en 1867. Héritier du romantisme. Les fleurs du mal et ses Petits Poèmes en prose sont à la source de la réflexion sur la modernité.
Gustav Klimt: Peintre autrichien né à Vienne en 1862 et mort en 1918. Il est une figure clé de l'Art nouveau et du symbolisme viennois.
Franz Schubert: Compositeur autrichien né à Vienne en 1797 et mort à Vienne en 1828.
Pablo Picasso: Peintre, graveur et sculpteur espagnol né à Malaga en 1881 et mort à Mougins en 1973. Son oeuvre à bouleversé l'art moderne.
Esotérisme: Partie de certaines philosophies anciennes qui devait rester inconnue des non-initiés.
Communistes: Qui sont partisans, membres d'un parti communiste.Communisme: Doctrine prônant l'abolition de la propriété privée au profit de la propriété collective.
Tolstoï: Ecrivain russe né en 1883 et mort en 1945.
Dostoïevski: Ecrivain russe né à Moscou en 1821 et mort à Saint-Petersbourg en 1881.
Lautréamont: Ecrivain français né à Montevideo en 1846 et mort à Paris en 1870. Considéré par les surréalistes comme un précurseur pour sa violence révoltée et son humour noir.
Supervielle: Ecrivain français né à Montevideo en 1884 et mort à Paris en 1960.
Lithographie :Art de reproduire par impression des dessins tracés avec une encre ou un crayon gras sur une pierre calcaire.

Sources

http://www.henrimichaux.org/spip.php?rubrique7
http://livres.fluctuat.net/henri-michaux.html
http://lapoesiequejaime.net/michaux.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Michaux
http://fr.wikipedia.org/wiki/Surrealisme
http://www.le-surrealisme.com/
http://www.maulpoix.net/Plume.html
http://www.evene.fr/celebre/biographie/henri-michaux-380.php
http://www.dicocitations.com/auteur/3056/Michaux_Henri.php